Année 2005
abandon de projet initial
réunion salle Dumont
rapport moral 2005
De la concertation au retour des décisions autoritaires
Lettre ADRESSÉE au ministre des transports
Jean-Louis BRIAND
Monsieur Dominique PERBEN Monsieur le Ministre, Nous avons été informés par voix de presse de l’initiative prise par M. DEVEDJIAN (lors de la séance du 14 décembre 2005 à l’Assemblée Nationale) pour permettre la modification des attributions du STIF concernant, entre autre, le pilotage du dossier CDG Express. Au nom des adhérentes et adhérents de l’association que j’ai l’honneur de présider depuis 4 ans, je tiens à vous faire part, Monsieur le Ministre, des remarques et réflexions suivantes :
Aujourd’hui, permettez-nous de vous exprimer notre accablement devant ce qui nous apparaît comme autant de « basses manœuvres politiciennes » aussi choquantes qu’improductives ; certes, le STIF est paralysé depuis plusieurs mois, mais comment croire que la démarche de M. DEVEDJIAN puisse avoir pour seul effet de débloquer efficacement la situation ? Que penser de l’empressement des pouvoirs publics à soutenir par tous les moyens le projet de liaison CDG Express (service ferroviaire dédié à quelques millions de voyageurs aériens), quand plusieurs dizaines de millions de salariés souffrent chaque jour depuis plusieurs années dans des RER inconfortables, insalubres, insécures, bondés et improbables ? A quoi bon dès lors organiser des concertations et des débats publics s’il suffit d’un amendement, présenté et voté subrepticement par suffisamment de députés et sénateurs, pour annuler les quelques acquis de la démocratie participative ? Ne croyez-vous pas légitime que l’on puisse aujourd’hui encore se sentir « pris en otage », Monsieur le Ministre des Transports, d’une bien singulière façon cette fois ? Nous n’avons pas, en tant qu’associatifs, à nous mêler aux joutes politiques, nous nous en garderons bien ; pourtant, nous tenons à souligner que les élus locaux ont eu en temps utile leur mot à dire dans le débat sur CDG Express, et c’est bien ainsi. Nous avons vu et entendu nombre d’entres eux, de toutes tendances, qui plaidaient alors plus nettement pour un RER B rénové que pour une luxueuse liaison Paris-Roissy ! Curieusement, ceux qui tentent aujourd’hui de dessaisir le STIF du dossier CDG Express, tout en voulant en modifier les règles de fonctionnement démocratique étaient notoirement absents lors de ce débat public ? Sachant que trois sur quatre sont députés de Seine-Saint-Denis... Ils interviennent aujourd’hui dans le débat d’une façon brutale, voire méprisante et sournoise, qui ne sied pas à l’attitude responsable d’un élu sensé être à l’écoute et au côté de ses concitoyens. Ainsi, quelques semaines seulement après l’embrasement des banlieues (et notoirement en Seine-Saint-Denis), des élus de la République, pourtant bien placés pour être au fait des réalités de terrain, envoient aux habitants de ce même territoire un curieux message en soutenant l'amendement 71 sur le STIF. Ce message semble leur dire : « Nous ne vous oublions pas ; nous savons que vous souffrez quotidiennement de l’incurie des transports publics. Mais nous allons accélérer les choses … en commençant par favoriser en priorité une liaison ferroviaire … dont vous ne pourrez malheureusement pas bénéficier ! » Reconnaissez qu’il serait facile d’ironiser, de « guignoliser », tant la situation nous paraît ubuesque. Mais nous, nous n’avons pas oublié les images désastreuses d’il y a peu, et c’est un goût de cendres qui persiste, chassant celui de plaisanter. Que se passera-t-il une fois que les usagers des transports publics franciliens auront compris qu’il est stérile et injuste de s’en prendre aux seuls cheminots grévistes pour soulager sa colère ou son agacement aussi légitime soit-il ? Faudrait-t-il qu’à leur tour ils allument quelques rames, qu’ils saccagent quelques gares pour que l’on veuille bien prendre l’exacte mesure du problème ? Ce que personne ne souhaite. A moins qu’ils ne s’aperçoivent qu’ils ne se déplacent pas seulement avec un titre de transport : bon nombre d’entres eux ont aussi une carte d’électeur… Comme leurs enfants à l’école, à l’ANPE, devant la boîte de nuit ou l’agence immobilière, trop de banlieusards se sentent discriminés… « négativement » lorsqu’ils prennent le bus ou le RER, Monsieur le Ministre. C’est pourquoi le contenu de cet amendement 71 nous paraît maladroit et inutilement provocateur ; quant à ces conséquences, elles pourraient se révéler non seulement inefficaces mais aussi très dangereuses pour la démocratie et la paix sociale dans un proche avenir. Espérant avoir su retenir votre attention et votre écoute, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments respectueux. Pour « Vivre sans CDG Express » Son Président, Jean-Louis BRIAND
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